L'un des premiers objets de la collection du musée est la quenouille au numéro d'inventaire 18.
La quenouille, une pièce souvent utilisée à la maison, dans les réunions, au champ, même dans la rue, en marchant, est devenue un objet avec un rôle social important, étant le premier cadeau sérieux fait à la jeune fille par le jeune homme qu’elle allait épouser. C'est aussi la cause principale de la qualité esthétique supérieure des quenouilles collectées, faites dans le but de transmettre à la communauté des informations symboliques sur le statut de la femme qui utilisait l'artefact. Il est important de noter que, déjà dans la première partie du XXe siècle, ces quenouilles -cadeaux étaient utilisées pour filer pendant une période relativement courte, après les fiançailles ou le mariage devenant un objet de décoration dans la maison, avec une valeur surtout sentimentale.
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La quenouille courte, catégorie à laquelle appartient la quenouille dans la photo, pouvait être facilement utilisée de diverses manières, attachée à la taille, portée sous le bras, mais aussi pour le travail dans la maison (lorsque la femme pouvait travailler assise), serrée entre les genoux ou placée dans un trou spécialement prévu pour que la tige soit fixée dans un meuble.
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L'objet dans l'image a une longueur de 110 cm et est en bois de hêtre ou d'érable, avec une longue tige d'un diamètre de 2 cm, ayant une section rectangulaire dans la zone de l'aile et la partie supérieure, hexagonale, vers le haut. L'aile centrale, attachée à la tige et fixée par trois clous métalliques, mesure 9,5 cm de large et est ornée par perforation, incision et excision. Le décor incisé est géométrique, toute la surface des ailes (et une partie de la tige) est recouverte de registres des motifs en dents de loup qui aux bords des surfaces clôturent harmonieusement la composition ornementale, en suivant les bords des ailes.
Des croix sont disposées symétriquement sur les deux ailes comme motif central, réalisé par perforation et découpage. Les croix sont entourées de petits triangles et d'une série de rectangles disposés sur la partie supérieure de l'aile, du plan desquels émergent deux formes ayant le rôle de support des deux paires de croix taillées. La décoration de la partie supérieure reprend les motifs et la technique utilisée sur l'aile centrale, des cercles et des triangles forment une série d’ailes de dimensions réduites, mettant en valeur la croix simple, sculptée, de la pointe de la quenouille. La couleur de l'objet est brun jaunâtre, la couleur naturelle du bois patiné.
La pièce a été achetée dans la zone ethnographique Valea Jiului, village de Livezeni, par un acte de vente-achat, en 1923.
Texte : Apai Emese
Photo : George Ciupag