Exposition Permanente
Dans l’acception actuelle, la Transylvanie comprend autant l’espace intracarpathien de la Transylvanie médiévale que les régions du Maramureş, de la Crişana et du Banat, zones avec lesquelles elle a formée et forme encore, sous l’aspect de la culture rurale, une zone relativement unitaire. La dimension interculturelle définit fondamentalement cette zone, où les éléments culturels méditerranéens, ceux de l’Europe de l’Est ou de l’Ouest ont coexisté, partiellement amalgamés dans le creuset d’une existence quotidienne commune, partiellement délimités consciemment, par une démarche identitaire bien visée. Le système socio-économique rigide, qui avait maintenu les structures féodales, dans le milieu rural, jusqu’à la moitié du XIXe siècle, a généré en Transylvanie un fort clivage entre le milieu urbain, connecté en grande partie aux valeurs citadines de l'Europe centrale et occidentale, et la campagne, maintenue dans une relative autarcie, qui a favorisé la préservation, jusque très tard, des techniques et des mentalités archaïques.
L'exposition permanente actuelle intitulée, "La Culture populaire en Transylvanie, de XVIIIe au XXe siècle", inaugurée en 2006, essaie de reconstituer, à travers les objets exposés, cet univers rural, caractérisé par une structure organique, en soulignant la complexité inattendue et la cohérence fonctionnelle de ses composants.
L'exposition présente – d’une manière devenue maintenant classique dans la muséographie ethnographique - les principaux domaines de la culture matérielle et spirituelle de la Transylvanie rurale, illustrés par des objets représentatifs, choisis parmi plus de 40 000 objets constituant les collections de l’institution.
Elle débute par la présentation des occupations traditionnelles, à partir de celles archaïques (la cueillette de la nature, la chasse, la pêche, l'apiculture) et en continuant avec celles principales (l’agriculture et l’élevage).
Les pièces simples, mais extrêmement ingénieuses, caractéristiques aux occupations de la première catégorie (des corbeilles faites d'écorce des troncs creux, de cornes d'animaux, de verges tressées …), sont suivies par différents outils d’une plus grande complexité, utilisés pour des activités agricoles ou pastorales et présentés dans l'ordre dicté par le déroulement des procédures technologiques spécifiques. Les photos d’archive jalonnent ces processus et contribuent à la reconstruction de l'atmosphère caractéristique au village traditionnel. Tout cet ensemble d’objets et d’images illustre le profil professionnel mixte de la paysannerie de Transylvanie, essentiel dans une économie de subsistance.
Le secteur des métiers artisanaux traditionnels est organisé en fonction de la matière première utilisée (bois, argile, métal, fourrure, cuir, laine, plantes textiles) et contient autant des pièces réalisées par les paysans artisans que - le cas échéant - des pièces faites dans les corporations, qui soulignent que les artisans de la première catégorie utilisent des outils et techniques simples et proches de la nature, tandis que les membres des corporations développent ces techniques, fabriquant, à partir de l’ancienne tradition, une production plus perfectionnée.
Une attention particulière a été accordée dans ce secteur à la fabrication domestique des fils textiles et de la laine, activité si développée dans les villages de Transylvanie qu’elle est devenue une véritable industrie textile paysanne.
A part tous les outils nécessaires pour l’usinage des fibres, sont exposés dans ce secteur des produits finis: tissus et pièces brodées, roumaines, hongroises et saxonnes, utilisées, avec une fonction pratique ou décorative, dans les intérieurs paysans traditionnels.
Différentes catégories de pièces textiles exposées (serviettes, taies d'oreillers, couvertures de lit, de table ou de banquette) illustrent un concept similaire, pour les trois groupes ethniques de Transylvanie, en ce qui concerne l'organisation de l'intérieur paysan traditionnel, tandis que les différences existantes, concernant l'ornementation et la chromatique, mettent en évidence, parfois, l’option de s'inspirer d’une culture différente, des sources qui, transformées, ont amplifié l’empreinte ethnique.
Dans la salle consacrée aux instruments traditionnels de musique sont exposés de vieux instruments : buccins, flûtes, instruments à cordes (un luth, une cithare, des violons, une contrebasse).
Dans le secteur qui présente l’alimentation traditionnelle on présente l’inventaire ménager utilisé pour cuisiner – sur l’âtre libre – dans les maisons paysannes de Transylvanie à la fin du XIXe siècle.
L'existence séculaire de certaines circonstances socio-économiques et culturelles zonales a créé en Transylvanie, progressivement, des zones ethnographiques avec une personnalité distincte, dont les marques identitaires ont été mises en évidence par l’aspect particulier du costume populaire local. Bien qu'ils aient eu une structure de base unitaire, les costumes régionaux appartenant au même groupe ethnique avaient des caractéristiques particulières, qui les différenciaient justement pour devenir un support identitaire pour les communautés qui cultivaient leur personnalité distincte.
La tendance à se définir par la différenciation a été plus forte dans la mesure où plusieurs ethnies ont coexisté pendant des siècles dans un certain territoire et elle s’est manifestée par la mise en évidence des éléments spécifiques de la structure du costume, auquel on attribuait une énergie identitaire particulière. Les costumes paysans exposés datent de la fin du XIXe siècle et sont représentatifs pour les zones de Ţara Făgăraşului, Mărginimea Sibiului, Secuime, Oaş, Maramureş, Năsăud, la zone des saxons de Bistriţa, pour Mocănimea Arieşului, Călata, les zones de Beiuş et d’Ineu, Cărbunari et Pădureni. Les ornements exposés dans les vitrines proviennent de Bihor, de Oaş, des zones Meseş et de Târnave, de la zone saxonne de Bistriţa et de Sibiu, de Pădureni, Ţara Haţegului et de Banat, des zones Călata, Odorhei et Trascău, de la zone Bran.